Exode 12,1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1Cor 11, 23-26 ; Jn 13,1-15

La réflexion du Jeudi Saint est de Julien Kagere, SJ, en régence au CARF/Lubumbashi
Les extraits des saintes écritures qui nous sont proposés en ce jour où nous sommes appelés à creuser dans le fond de notre vocation chrétienne parlent du partage.
« Au seuil de la nuit de sa libération, le peuple choisi fête la pâque. »
Ces exhortations des auteurs sacrés résonnent dans nos cœurs alors que nous vivons une époque où le concept « partage » est complètement défiguré par la quête du gain. Faire don devient synonyme d’investir. La gratuité n’a plus de place. Puissions-nous nous interroger sur la place qu’occupe la gratuité dans notre quotidien. Ce n’est que par le désintéressement que nous pouvons réellement faire preuve de charité, sentir avec le monde qui nous entoure, faire nôtres les joies et les peines des autres.
« … le sang sera pour vous un signe sur les maisons où vous serez… »
L’agneau pascal qui se livre pour nous vient nous libérer des déserts et des prisons de nos vies. La vie chrétienne est un cheminement rocailleux, une suite d’expériences de rejet, de déception, etc. Chacun de nous porte une croix dans le fond de son être. Ma croix, c’est ma personne, mon caractère, ces habitudes odieuses desquelles je ne parviens pas à me délier, cet obscur tombeau dans lequel je m’ensevelis moi-même. Ma croix, c’est peut-être mon cercle le plus intime, mon géniteur, mon frère, mon partenaire, mon collègue de service,… Puisse le Seigneur me donner d’accepter ma croix, cette expérience douloureuse qui me mène au salut afin que jamais les hauts et les bas de mon pèlerinage terrestre ne me distancient du Seigneur.
Puissions-nous obtenir de cette marche vers la pâques du Seigneur, la grâce de faire offrande des croix de nos vies aux pieds de la sainte croix du sauveur de l’humanité. Une façon de nous unir avec le Christ agonisant, c’est persévérer dans la prière ; la prière qui est l’arme chrétienne de lutte contre les pièges du démon.
«… chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.. »
Le partage est fruit d’amour et de service tel que saint Jean nous l’enseigne à travers l’humilité du grand maître-serviteur.
Le Christ « dépose son vêtement et prend un linge… ». Le christ quitte sa gloire et se met au service de ses disciples. Tout un chacun de nous exerce une parcelle d’autorité, qu’il s’agisse de l’autorité familiale, religieuse, professionnelle ou de quelque nature que ce soit. Puissions-nous être de ceux qui écoutent ceux qui obéissent à nos ordres pour les servir au modèle du Christ.
Qu’est-ce que laver les pieds de mon frère aujourd’hui ? Laver les pieds demanderait plus que laver la tête, en ce sens que les pieds touchent la poussière… Laver mon collègue de service, mon partenaire, mon voisin, c’est l’accueillir et l’accepter tel qu’il est. C’est le reconnaitre comme le tout autre de moi-même. C’est articuler le langage de l’amour, un amour désintéressé et ouvert à tous. Laver les pieds de mon compagnon, c’est le tirer des fosses des préjugés sociaux et le reconnaitre comme fils du père de l’humanité et digne d’amour. Prions afin que le Seigneur daigne nous laver de nos impuretés afin que nous soyons dignes de pouvoir « oser laver » ceux qu’il place sur notre chemin…
Amen.
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