Le Sommet de l’innovation sociale de la RDC 2024 (DRC-SIS), qui s’est tenu à l’hôtel Pullman de Kinshasa, du 4 au 5 septembre 2024, a réuni des innovateurs et des acteurs du changement de plus de 42 nationalités, soulignant le rôle central de l’entrepreneuriat social pour relever les défis les plus urgents de l’Afrique sous le thème : « Amplifier les voix : les jeunes et les femmes innovent pour un développement centré sur les personnes en Afrique ». Organisé par le Sommet de l’innovation sociale de la RDC (DRC-SIS) et l’Académie AgroMwinda, l’événement a vu une série de panels et d’ateliers axés sur l’exploitation des ressources locales et l’innovation menée par les jeunes pour le développement durable.
Le Réseau jésuite africain de lutte contre le sida (AJAN), en tant que partenaire clé, était bien représenté avec 24 délégués de 18 pays (Kenya, Ouganda, Tanzanie, Soudan du Sud, Burundi, Angola, Malawi, Zambie, Zimbabwe, Madagascar, RCA, RDC, Togo, Bénin, Burkina Faso, Libéria, Sierra Leone et Guinée Conakry). Grâce à son programme JYSEA (Jesuits Youth Social Entrepreneurship Action), AJAN a sélectionné huit jeunes de ses différents centres pour participer au sommet, leur offrant l'opportunité d'acquérir de l'expérience et de s'engager avec des experts en innovation sociale. Contrairement aux approches traditionnelles axées sur le profit, AJAN se concentre sur l'autonomisation des jeunes par le biais de l'innovation sociale visant à résoudre directement les problèmes communautaires. Les participants ont pu explorer la pensée systémique, les interventions innovantes et les moyens d'amplifier la voix des jeunes et des femmes dans l'innovation sociale à travers l'Afrique.
Le sommet a été ouvert par un discours liminaire de Mme Noella Ayeganagato Nakwipon, ministre de la Jeunesse et du Patriotisme de la RDC, qui a salué le thème « Amplifier les voix : les jeunes et les femmes innovent pour un développement centré sur les populations en Afrique ». Ses remarques ont donné le ton de l’événement, en soulignant sa vision qui mettait l’accent sur le rôle des jeunes et des femmes dans la conduite d’un changement social transformateur tout en encourageant les start-ups locales à s’associer à des entreprises internationales pour le développement. La ministre a ensuite pris le temps de visiter les stands d’exposition pour voir les entreprises gérées et les différents produits fabriqués par les jeunes. Ce fut l’occasion pour les jeunes de montrer leur capacité à représenter le Congo au niveau international.
Ci-dessus, Mme Pascalia Sergon discute avec Mme Noella Ayeganagato Nakwipon, Ministre de la Jeunesse et de l’Eveil Patriotique de la RDC, aux côtés de M. Symphorien Pyana, Directeur Général d’AgroMwinda, lors de leur visite au stand d’exposition d’AJAN. Sur la dernière photo, Gabriel Kofi Akpah, SJ, remet un dépliant d’AJAN à la ministre.
M. Symphorien Pyana, directeur général d’AgroMwinda et organisateur du sommet, a souhaité la bienvenue aux participants. Dans son discours, il a souligné que « le système économique actuel a montré ses limites et que le succès des entrepreneurs doit désormais être mesuré par leur capacité à transformer positivement leurs communautés, plutôt que par l’accumulation de richesses ». Les objectifs du sommet de deux jours étaient les suivants :
- Accroître la sensibilisation au paradigme du développement axé sur la population promu par le dividende démographique africain ;
- Disposer d’une base de données sur les innovations sociales émergentes et les réseaux parmi les femmes et les jeunes en RDC, en Afrique et au-delà ;
- Créer un écosystème plus dynamique pour les jeunes et les femmes innovatrices sociales en RDC, en Afrique et au-delà ;
- Être utilisé comme plate-forme pour rechercher davantage d’opportunités de financement et de partenariat parmi les participants au Sommet de l’innovation sociale de la RDC ;
M. Célestin Mukeba, directeur général d’Equity BCRC/RDC, l’un des principaux intervenants, a souligné l’importance de combiner la résolution des problèmes sociaux avec la rentabilité économique pour obtenir un impact durable. Il a encouragé les participants à « faire de grandes choses en faisant le bien ».
Le premier panel intitulé « L’État comme catalyseur de l’entrepreneuriat social pour un développement axé sur les citoyens en Afrique » s’est concentré sur le potentiel de l’entrepreneuriat social pour créer un avenir plus équitable et durable en Afrique. Les intervenants ont discuté des défis et des opportunités pour les gouvernements de créer un environnement propice aux entreprises sociales et de contribuer au développement durable. Les panélistes ont identifié les principaux défis auxquels sont confrontées les entreprises sociales en Afrique, tels que l’accès limité au financement, le manque d’infrastructures et les obstacles réglementaires, tout en soulignant les opportunités pour les entreprises sociales de répondre aux problèmes sociaux et environnementaux urgents. Le panel a fourni des informations précieuses sur le domaine croissant de l’entrepreneuriat social en Afrique et a souligné l’importance de la collaboration entre les gouvernements, le secteur privé et les organisations de la société civile pour créer un avenir plus équitable et durable.
L’après-midi, les participants ont assisté à des ateliers, dont un sur l’énergie et les transports. Les intervenants M. Roberto Astete, représentant RAB Corp, Chili, et M. Hemat KT, représentant Xicon International Ltd, Inde, ont discuté des défis énergétiques et des infrastructures en Afrique. M. Roberto a rappelé à l’auditoire qu’une transformation complète des systèmes énergétiques en cinq ans impliquerait des coûts importants, tandis que d’autres intervenants ont souligné l’abondance des ressources naturelles du Congo, notamment en matériaux de construction et en énergie renouvelable.
Lors d’un autre atelier sur « L’Afrique numérique et sans frontières », les intervenants ont discuté des opportunités offertes par les technologies numériques pour créer une Afrique sans frontières. Les intervenants ont souligné le rôle clé de la technologie dans l’intégration économique du continent, soulignant la nécessité d’investir dans la connectivité à haut débit et les centres de données.
En réponse à une question sur le rôle de l’Église dans la transition vers une Afrique numérique et sans frontières, Gabriel Kofi Akpah, SJ, délégué d’AJAN de Sierra Leone, a déclaré : « L’Église joue un rôle de plaidoyer en faveur d’une Afrique numérique et sans frontières, et les jésuites le font bien, en soutenant un grand nombre de jeunes qu’ils accompagnent en Afrique. Les jésuites font ce travail à travers l’apostolat social jésuite comme AJAN qui accompagne actuellement les jeunes dans le cadre d’une formation à l’entrepreneuriat social afin de leur donner les moyens de prendre des initiatives. »
Les intervenants ont également pu aborder les défis liés aux infrastructures et plaider en faveur d’une collaboration entre les gouvernements et le secteur privé. Le secteur privé a été reconnu comme un moteur essentiel de la transformation numérique, les entrepreneurs et les innovateurs étant encouragés à développer des solutions adaptées aux besoins spécifiques de l’Afrique.
Le Dr Nzamujo, fondateur du Centre Songhaï au Bénin, a présidé la séance de clôture de la première journée. Il a présenté le Centre Songhaï comme un modèle de changement communautaire, soulignant sa décision de quitter une prestigieuse carrière universitaire pour se concentrer sur l’agriculture en Afrique. Le Dr Nzamujo promeut une approche holistique de la production, estimant qu’elle constitue une solution globale aux problèmes sociaux de l’Afrique. Il souligne l’importance pour l’Afrique de générer ses propres solutions, notamment en investissant dans la jeunesse et en exploitant ses énergies pour créer un système capable de répondre aux problèmes sociaux et environnementaux complexes du continent.
L’une des participantes, Kakoko Divine, a partagé son expérience après avoir assisté au sommet : « Je suis l’une des participantes au Sommet de l’innovation sociale de la RDC. J’ai reçu l’invitation d’être ici après avoir participé à la formation en entrepreneuriat social pour la création d’emplois pour une église autonome qui s’est tenue en RDC en juin 2024 et qui a été entreprise par AJAN en collaboration avec Comboni Alliance for Social Entrepreneurship (CASE) et AgroMwinda, ce qui a été transformateur pour moi et mon groupe. Je suis membre du club des trois zéros que nous avons formé à la paroisse Sainte-Marie de Kinshasa. La formation m’a permis de sortir de ma zone de confort et de devenir une entrepreneure sociale. Je suis reconnaissante à AJAN, AgroMwinda et leurs partenaires pour cette opportunité et pour leur soutien pour m’aider à développer mes compétences entrepreneuriales. »
Par Fernando Nimbu
AJAN Liaison Officer.
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