Le Réseau Africain Jésuite contre le SIDA (AJAN), en collaboration avec l'Alliance Combonienne pour l'Entrepreneuriat Social (CASE) et AgroMwinda, une plateforme sociale, éducative et économique qui soutient les petits agriculteurs et les micro-entrepreneurs avec des solutions innovantes en République Démocratique du Congo, a entrepris un programme de formation de 3 jours pour les jeunes du 20 au 22 juin 2024 au Collège Boboto à Kinshasa, en République Démocratique du Congo (RDC).

La formation à l'entrepreneuriat social pour la création d'emplois au sein d'une église autonome , dirigée par CASE et suivie par 41 participants, dont des jeunes et des prêtres accompagnant 14 paroisses réparties dans 7 diocèses, notamment la paroisse Bienheureux Bakanja, la paroisse St Esprit, la paroisse Christ Roi Mangobo à Kisangani – Province de la Tshopo, la paroisse Notre Dame de la Miséricorde de Cimpunda à Bukavu – Province du Sud-Kivu, la paroisse St. Pierre Claver à Kinshasa – Province, la paroisse St Sauver à Popokabaka – Province du Kwango, la paroisse Sacré Cœur à Kikwit – Province du Kwilu, a introduit les jeunes au concept d'entrepreneuriat social au sein des structures paroissiales. L'objectif était que les participants élaborent des innovations visant à répondre aux défis sociaux africains à travers un nouveau modèle de durabilité pour l'église et l'Afrique, qui combine foi, changement de mentalité des jeunes et innovations durables.

La formation a été ouverte par le Père Ismael Matambura SJ, Directeur de l'AJAN, qui a accueilli les participants et a mis en avant l'objectif de la formation. Cet objectif était de permettre aux jeunes de développer pleinement leur potentiel innovant humain, en utilisant les opportunités disponibles dans leur environnement pour apporter des solutions aux problèmes rencontrés par les habitants de leurs communautés. Parmi ces problèmes figure la lutte contre le VIH, au cœur du travail de l'AJAN, qui combat la stigmatisation en renforçant les communautés par la connaissance et la formation économique, guidant ainsi les jeunes vers un avenir plein d'espoir à travers le Programme de Prévention du VIH et du SIDA de l'AJAN (AHAPPY). Dans son discours, il a souligné : "Même en luttant contre le VIH, nous avons encore des personnes qui meurent de tuberculose (TB), du virus du papillome humain (HPV), du choléra, de l'hépatite C et d'autres maladies tropicales. Pour réussir dans cette lutte, nous avons besoin d'approches innovantes et de solutions durables qui privilégient l'accessibilité, l'abordabilité et la scalabilité. L'entrepreneuriat social peut jouer un rôle crucial pour combler les lacunes dans la prestation de soins de santé, développer de nouvelles technologies et autonomiser les communautés par l'éducation et le plaidoyer

La première session a été dirigée par Jonas Dzinekou Yawovi, directeur de l'Institut de Transformation Sociale de l'Université Tangaza à Nairobi, au Kenya. Les participants ont été amenés à comprendre ce qu'est l'entrepreneuriat social, en leur faisant comprendre que la promotion de nouvelles entreprises sociales et d'innovations doit répondre aux enjeux et défis sociaux locaux, par le biais d'initiatives qui apportent des avantages économiques, sociaux et environnementaux. L'accent a été mis sur la fourniture aux participants des connaissances nécessaires pour développer des solutions innovantes et durables afin de transformer leurs communautés, inspirées par l'Évangile et les valeurs du Royaume de Dieu. Selon la tradition combonienne, les participants seront encouragés à s'adresser à leurs camarades de jeunesse dans leurs paroisses, qui sont les principaux agents de leur propre transformation, et dans tout ce processus, la CASE, sous la coordination d'AJAN, jouera un rôle de renforcement des capacités et d'autonomisation des communautés pour la transformation sociale.

Vers la fin du premier jour, les participants ont été introduits au club 3-Zero, une initiative inspirante alignée avec les idéaux visionnaires du lauréat du prix Nobel de la paix, le professeur Muhammad Yunus. L'objectif est de réaliser un monde avec trois zéros : zéro émission de carbone, zéro concentration de richesse pour mettre fin à la pauvreté, et zéro chômage grâce à l'autonomisation par l'entrepreneuriat. Ce programme ambitieux se concentre principalement sur l'équipement des jeunes en RDC et en Afrique avec des compétences en entrepreneuriat social, innovation et gestion environnementale.

Le deuxième jour, les participants ont été plongés profondément dans le club 3-Zero. Dans ce sens, la métrique des Trois Zéros, appliquée par la Fondation Yunus, sert à faire dialoguer tous les Zéros à travers des projets et des activités dans chaque domaine de travail, afin de poursuivre concrètement la vision du professeur Yunus. Les participants ont été encouragés à rejoindre et à créer des clubs 3-Zero dans leurs paroisses à la fin de cette formation, afin de familiariser les jeunes avec l'objectif d'un "monde trois zéros" et avec les moyens d'atteindre cet objectif grâce à leurs initiatives créatives. Selon le Professeur Jonas Yawovi, "Chaque club se renforce en se connectant avec d'autres clubs similaires, ayant une gamme plus large de caractéristiques communes. Les clubs deviennent exponentiellement puissants en se reliant les uns aux autres. Ce réseautage accélère, de manière systématique, le processus d'atteinte de l'objectif des trois zéros plus rapidement."

Pour expliquer plus en détail le fonctionnement du Club 3-Zero, M. Symphorien Pyana, Directeur Général (CEO) d'AgroMwinda, a partagé avec les participants comment AgroMwinda collabore avec les jeunes et les agriculteurs en RDC pour lutter contre le chômage et mettre fin à la pauvreté grâce à un soutien personnalisé et une formation adaptée. Les jeunes ont été encouragés à développer leurs entreprises et à se formaliser. M. Symphorien a souligné l'importance pour les participants de renforcer leurs compétences en gestion, développement de plans d'affaires simplifiés, mise en réseau et de nombreux autres aspects clés de la gestion d'une entreprise et de trouver des solutions innovantes.

Le dernier jour de la formation, 41 participants, ainsi que deux animateurs de CASE, deux membres du personnel et le directeur d'AJAN, ont reçu des smartphones Samsung fournis par AgroMwinda. Ces smartphones sont destinés aux participants pour suivre leurs projets d'innovation sociale et servir d'outils de ressources pour développer des plans d'affaires jusqu'à ce que les projets aboutissent. Les participants ont ensuite été divisés en groupes en fonction de leurs paroisses pour discuter et créer des plans d'action, en identifiant les défis et les opportunités existants au sein de leurs communautés. Les plans d'action proposés doivent adhérer aux modèles d'entrepreneuriat social présentés lors de la formation, y compris le modèle Lean Canvas.

Certains participants ont pu nous faire part de retours positifs.

Selon M. Olivier Nzundu de la Paroisse Sacré Coeur, Kikwit

"La formation s'est bien passée, et l'explication est très claire, c'était bien organisé, j'aime ça, et j'ai l'impression que nous allons pouvoir créer et atteindre notre objectif, exemple est l'usine d'eau pure qui est déjà en cours De retour dans ma paroisse, je crois que l'eau est le droit humain fondamental, moins de gens en RDC ont accès à l'eau potable dans les zones rurales, la pénurie d'eau est énorme et la population consomme l'eau des rivières. Je vais impliquer les jeunes dans la collaboration sur la manière dont nous pouvons améliorer l’avenir afin de garantir que ma communauté ait accès à de l’eau potable."

Selon Mme. BUNKATU Lisette

"La formation a éveillé en moi un esprit de créativité et m'a permis de voir dans quelle mesure il est possible de participer au développement durable de mon diocèse. En apprenant à identifier un problème dans l'environnement dans lequel nous vivons et comment résoudre ce problème social qui dérange tant la population. Je suis devenu un entrepreneur social avec la force d'innover et de pouvoir créer des emplois. Enfin, pour que les jeunes puissent s'impliquer massivement en formant un groupe de clubs 3-Zero pour faciliter les échanges et l'avancement du travail, grâce à cette formation. Grâce à cette formation, j'ai pu sortir de ma zone de confort, affronter mes peurs et utiliser toute mon énergie possible pour réaliser une entreprise. Ainsi, j'ai pu développer une culture de l'innovation."

Au point culminant de la formation, une messe de mise en service a été organisée pour les 41 participants. Le point culminant de cette cérémonie a été l’allumage symbolique des bougies, représentant la préparation et l’engagement des participants envers leurs nouveaux rôles et leur cheminement vers la transformation sociale de leurs communautés.

Le partenariat trouvé entre AJAN, CASE et AgroMwinda offre aux jeunes de la RDC l’opportunité d’être des innovateurs sociaux. En offrant un accompagnement complet, des formations adaptées et un accompagnement personnalisé, cette initiative contribue à renforcer les capacités des jeunes et à favoriser leur développement professionnel. Grâce à l'implication de CASE et AgroMwinda, les jeunes ont l'opportunité de s'épanouir dans leur activité et de contribuer activement à la croissance économique du pays. Il est donc encourageant de voir des initiatives de ce type se développer et offrir de nouvelles perspectives aux jeunes innovateurs et entrepreneurs en RDC.

AJAN et ses collaborateurs croient qu'il existe un large éventail de possibilités créatives pour exploiter l'entrepreneuriat social afin de promouvoir la mission sociale de l'Église et la transformation sociale, en donnant de l'espoir et en renforçant la générativité des jeunes et des communautés locales.

Par, Dennis Owuoche,

Chargée de communication, AJAN