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La capacité transformatrice de la pierre rejetée

Notre réflexion pour la sixième semaine du Carême est écrite par Jenny Cafiso, directrice du Canadian Jesuits International(CJI).

« La pierre que les maçons ont rejetée est devenue la pierre angulaire. Cela vient du Seigneur : c’est une merveille à nos yeux ! »

Ps 118, 22-23

Quand j’ai lu ce psaume, j’ai pensé à mon ami Michael. Nous avons tous deux fait partie du groupe de jeunes dans ma paroisse et nous avons été des amis proches pendant des années mais nous avons fini par nous perdre de vue. Au début des années 90, le prêtre qui avait suivi le groupe fit savoir à quelques-uns d’entre nous que Michael était en train de mourir du SIDA. Cela fut un choc terrible, j’avais entendu parler du SIDA, mais je n’avais jamais rencontré quelqu’un qui en souffrait.

Après avoir appris cette nouvelle, j’ai vu Michael à plusieurs reprises. Pendant un certain temps il a été mieux, nous avons dîné ensemble, nous nous sommes échangés des nouvelles sur nos vies, j’ai été le trouver chez lui. Mais ensuite la maladie a empiré à nouveau et il a connu une longue et déchirante période qui l’a conduit à la mort.

Bien que nous ayons été si proches pendant des années, Michael ne m’avait jamais dit qu’il avait le SIDA. À la fin de sa douloureuse maladie, quand son corps était complètement émacié, il a même refusé de me voir. Seulement après que j’aie laissé de nombreux messages et des fleurs à l’hôpital, il a fini par accepter. Il se cachait sous la couverture, comme s’il avait honte, en me disant que son « cancer » était en train de le tuer. Les seules personnes que je voyais auprès de lui étaient sa sœur, qui était à ses côtés pratiquement constamment, et quelques amis. J’ai essayé de toutes les manières possibles de faire comprendre à Michael qu’il ne courait aucun risque à me dire qu’il avait le SIDA, que je n’avais pas peur de le toucher, que je l’aimais quoi qu’il arrive, mais il ne l’a jamais fait.

À l’enterrement, quand tous ses amis se sont réunis pour pleurer sa perte, j’ai appris que certains membres de la famille de Michael l’avait rejeté et avaient refusé de le voir. Peut-être le plus choquant a été ce qu’une femme membre de la paroisse a dit ; Michael avait été très proche de sa famille. Elle m’a demandé si je savais de quoi Michael était mort, et m’a dit que quand elle avait appris qu’il avait le SIDA, elle lui avait demandé de ne plus jamais rendre visite à sa famille.

J’étais choquée. J’avais honte, je me sentais triste, en colère. J’ai compris pourquoi Michael n’avait pas osé me dire qu’il avait le SIDA. Pourquoi risquer encore le rejet alors que beaucoup d’amis proches, de membres de sa famille et de notre communauté chrétienne l’avaient déjà fui ?

Michael avait préparé son enterrement avec le prêtre qui avait accompagné notre groupe de jeunes pendant des années. Nous avons senti à quel point Michael s’était rapproché de Dieu, à l’approche de son dernier voyage, comme il avait accepté sa mort inévitable. Michael avait même laissé un message pour nous tous qui parlait de son amour pour la vie, de l’importance de l’amitié, de l’amour. Beaucoup d’entre nous ont été profondément touchés par ce message.

Michael, comme « la pierre que les maçons ont rejetée », avait été rejeté par ceux qui l’avaient le plus aimé à cause de la peur, de l’ignorance et de la stigmatisation. Et pourtant il est devenu une « pierre angulaire » pour beaucoup d’entre nous en nous aidant à nous comprendre nous-mêmes, à comprendre les limites de notre amour et de notre foi. Toute ma vie j’ai porté en moi la douleur que la stigmatisation et le rejet avaient infligée à Michael. J’ai amèrement regretté que notre amitié, notre foi et nos valeurs partagées n’aient pas suffit à le rassurer. Et j’ai été reconnaissante pour sa vie et ce qu’il m’a transmis après sa mort.

C’est une leçon que j’ai reçue tant de fois par la suite dans ma vie. Elle m’est venue de personnes qui avaient souffert, de réfugiés qui avaient été rejetés dans leurs pays et dans les pays où ils avaient cherché refuge. J’ai appris de leur capacité à pardonner et à aller de l’avant avec courage et persévérance malgré la stigmatisation dont ils étaient l’objet. À maintes reprises j’ai été accueillie dans leurs maisons, ils m’ont fait découvrir sous un jour nouveau ce que signifient l’hospitalité, l’espoir et la foi.

Alors que je me prépare pour Pâques et l’espoir de la résurrection, je pense à la capacité transformatrice de la « pierre » rejetée par les maçons – les laissés-pour-compte, les pauvres, ceux qui subissent l’injustice –, et je prie pour être capable de voir qu’ils constituent la pierre angulaire de notre foi et de notre vie.

 

Lisez la réflexion pour la cinquième semaine de Carême ici

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