Bureau du Directeur
En cette année 2024, nous célébrons la Journée Mondiale de Lutte contre le SIDA sous le thème: « Suivons le Chemin des Droits ». Ce thème fait écho au message de l’année dernière, qui nous invitait à donner à la communauté le pouvoir d’agir en tant que protagoniste de la lutte contre cette pandémie qui sévit depuis plus de quatre décennies. En ce jour, nous nous réunissons en tant que famille humaine pour exprimer notre solidarité avec plus de 38 millions de personnes vivant avec le VIH/SIDA dans le monde, dont plus de 25 millions en Afrique. C’est un moment pour réfléchir aux expériences et aux luttes partagées, ainsi qu’à l’avenir que nous espérons bâtir.
Un jeune étudiant de l'école St Aloysius Gonzaga à Nairobi, au Kenya, a souligné : « Les droits ne sont pas quelque chose qui se mérite ou se réserve à certaines personnes. Ils appartiennent à tous. Chacun a droit aux soins de santé, à l’accès à tous les services et à une communauté bienveillante. Étant donné que c’est mon droit, il doit être exercé par tous ceux qui m’entourent pour garantir ma sécurité et ma bonne santé, et de mon côté, je m’assure que les autres autour de moi soient en sécurité et en bonne santé. » Cependant, malgré cette connaissance et ces intentions, le message de l’ONUSIDA pour cette Journée Mondiale de Lutte contre le SIDA 2024 dépeint une montée inquiétante de l’épidémie parallèle de peur, de stigmatisation et de discrimination, qui érode les progrès réalisés jusqu’à présent dans la lutte contre le VIH/SIDA.
Le président de la Conférence Jésuite d’Afrique et de Madagascar (JCAM), le Père Jose Minaku, SJ, dans son message pour cette journée, a posé une question pertinente : « Si nous parlons de suivre le chemin des droits, cela signifie-t-il que nous sommes sur un mauvais chemin ? Si oui, depuis combien de temps sommes-nous égarés ? » Autrement dit, à quel moment les droits ont-ils été perdus? En remontant à 2002, année de la création d’AJAN par la Compagnie de Jésus (les Jésuites), le Père Peter-Hans Kolvenbach, Supérieur Général de la Compagnie, avait chargé les Jésuites en Afrique de mener des actions intenses et coordonnées pour lutter contre la pandémie de VIH à travers la propagation de la foi et la promotion des droits et de la justice.
Cette position a tracé la voie pour les Jésuites, leur permettant de s’engager pour la justice en faveur des personnes touchées par le VIH. Rester silencieux ou indifférent n’était plus une option. La mission était d’amplifier les voix de milliers d’orphelins oubliés dans nos rues, villes et villages, et de défendre les jeunes filles, garçons, femmes et hommes discriminés ou rejetés simplement parce qu’ils sont séropositifs. En 2024, nous sommes toujours témoins des effets déshumanisants du VIH.
Quelle doit être aujourd’hui l’attitude d’AJAN face à une bataille si longue ? Une fois de plus, le Père Jose souligne : « Plutôt que de nous perdre en spéculations vaines ou en plaintes stériles, utilisons ce moment pour faire une pause, évaluer l’année écoulée » et reformuler nos résolutions. Nous soulignons également que suivre le chemin des droits ne signifie pas se limiter aux droits des personnes affectées ou infectées par le VIH, mais inclut aussi la composante essentielle de la société : la famille et la communauté. La santé de la famille et de la communauté est tout aussi importante que celle des personnes touchées. Une communauté bienveillante et une famille engagée permettent d’éliminer les obstacles de la stigmatisation et de la discrimination, en les remplaçant par la solidarité, l’acceptation et la compassion.
Aujourd’hui, AJAN se joint à la communauté mondiale pour reconnaître que le chemin entrepris il y a de nombreuses années est encore long. Cela nous appelle à ré-engager notre volonté et nos ressources. L’année jubilaire 2025 porte un message fort d’inspiration : celui de nous reconnaître comme des pèlerins d’espérance. Le Pape affirme que le Jubilé est une opportunité profonde de raviver l’espérance et la confiance, posant les bases d’un renouvellement, d’une restauration de la justice sociale et d’une renaissance que nous désirons si profondément, surtout pour les membres les plus vulnérables de la communauté. Cette vision peut devenir réalité si nous embrassons un esprit de fraternité universelle et affrontons les défis pressants du VIH et des facteurs qui en découlent, privant des millions d’hommes, de femmes, de jeunes et d’enfants de la possibilité de vivre dans la dignité, conforme à notre humanité commune.
Le Réseau Jésuite Africain contre le SIDA poursuit son ministère pour soutenir, défendre et promouvoir les droits et la dignité de toutes les personnes vivant avec le VIH/SIDA, afin que nous puissions ensemble avoir la vie, et l’avoir en abondance (Jn 10,10). Que Saint Louis de Gonzague, patron des malades, intercède pour nous.
Pascalia J. Sergon
Directrice par Intérim, Réseau Jésuite Africain contre le SIDA
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