Prenez le bon chemin

Chers amis, collègues et partenaires de mission,

Aujourd’hui marque la Journée mondiale de lutte contre le sida, une occasion traditionnellement célébrée par la Conférence jésuite d’Afrique et de Madagascar (JCAM) au moyen d’une déclaration. En réfléchissant à cette journée, nous devons nous demander : quels progrès ont été réalisés depuis notre dernière déclaration ? Nos cris de détresse précédents ont-ils été entendus ou ont-ils résonné dans le vide sans qu’on les entende ?

Cette année, l’ONUSIDA a choisi le thème « Emprunter le chemin des droits » pour la Journée mondiale de lutte contre le sida. Sommes-nous donc sur la mauvaise voie ? Si oui, depuis combien de temps nous égarons-nous ? Plutôt que de nous laisser aller à de vaines spéculations ou à des plaintes stériles, profitons de ce moment pour faire une pause et évaluer l’année qui s’achève. Puisons-en une motivation et une force renouvelées pour poursuivre le combat. Aujourd’hui, nous unissons nos voix pour réfléchir, nous engager à nouveau et plaider en faveur d’une voie qui respecte la dignité et les droits de chaque individu. En effet, la lutte pour la dignité humaine est sans fin.

Vous vous souviendrez peut-être que le 10 décembre 2023, à l’occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le pape François a appelé l’Église à maintenir son engagement indéfectible en faveur des droits de l’homme. Il a offert des prières pour tous ceux qui luttent pour ces droits, nous rappelant ainsi notre responsabilité collective.

Depuis la dernière Journée mondiale de lutte contre le sida, les faits demeurent pour l’essentiel inchangés. L’Afrique continue de porter le plus lourd fardeau de l’épidémie du VIH, représentant plus de 60 % des infections mondiales. Cette dure réalité nous met au défi, en tant que jésuites, de placer le service de la foi, la promotion de la justice et la défense de la dignité humaine au cœur de notre mission.

La direction indiquée par l’ONUSIDA promet-elle de nous être bénéfique ? Ce thème résonne profondément avec la mission du Réseau jésuite africain sur le sida (AJAN) qui vise à promouvoir la justice et les droits de l’homme, en particulier pour les personnes vivant avec le VIH et le sida et celles qui y sont vulnérables. L’engagement d’AJAN en faveur des droits de l’homme se manifeste concrètement dans ses domaines d’intervention, notamment les soins de santé, l’éducation, la réduction de la stigmatisation, la formation des jeunes, l’inclusion économique et la participation communautaire, entre autres.

Notre conception des droits de l’homme va au-delà des politiques et s’inscrit dans la trajectoire de Jésus dans Matthieu 8 :1-4 : un chemin qui consiste à dissoudre l’aliénation, à tendre la main avec compassion et à oser embrasser notre conception Ubuntu du bien commun : générosité, réciprocité et solidarité avec ceux qui sont souvent négligés. Nous sommes convaincus que toute action entreprise dans un esprit de compassion, dans le but du bien-être humain, engendrera le respect des droits sous toutes leurs formes pour tous.

Bien que l’Église et les jésuites aient particulièrement accompagné les personnes touchées et infectées par le VIH, nous reconnaissons que le chemin est loin d’être terminé. Nous assistons de manière alarmante à une résurgence de défis qui menacent de saper les progrès, en créant de nouvelles vulnérabilités, marginalisations et exclusions. Nous devons construire des cadres qui respectent la dignité divine et affirment le caractère sacré de chaque vie. Nos communautés doivent elles aussi être habilitées à exiger de leurs dirigeants compassion, justice et responsabilité dans le cadre d’une mission commune visant à élever, inclure et honorer chaque individu.

En cette Journée mondiale de lutte contre le sida, mon cœur et mes prières vont à tous les hommes, femmes et enfants résilients dont la vie est une lutte constante à cause du VIH. En tant que jésuites, nous nous engageons à marcher avec nos communautés et à laisser la compassion, la recherche de la justice, des droits de l’homme et de la solidarité guider notre travail. Ensemble, nous pouvons mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique, en particulier sur notre continent. Le chemin juste évite les idéologies dominantes de ce monde et choisit plutôt la compassion et un véritable engagement envers la dignité humaine sous tous ses aspects.

Avec toutes les bénédictions,

Le P. José MINAKU, Président SJ.