Le Réseau jésuite africain de lutte contre le sida (AJAN), en collaboration avec l’Aumônerie des prisons catholiques (région côtière), a récemment organisé un programme complet de formation des formateurs (ToT) de cinq jours pour les aumôniers et les catéchistes de la région côtière. La formation AHAPPY (Programme AJAN de prévention du VIH et du sida pour les jeunes) a eu lieu du 14 au 18 octobre 2024 au Centre pastoral Tumaini, paroisse catholique Consolata, Likoni. Elle a fourni une formation essentielle pour doter les participants des connaissances et des compétences nécessaires pour guider les personnes incarcérées dans des établissements pénitentiaires dans un parcours de réhabilitation, de croissance spirituelle et de réinsertion dans la société.
Les 18 aumôniers et catéchistes présents représentaient un large éventail d’établissements pénitentiaires, notamment la prison de sécurité maximale de Shimo la Tewa, la prison de sécurité maximale de Manyani, la prison de moyenne sécurité de Shimo La Tewa, la prison pour femmes de Shimo La Tewa, la prison de Hindi, la prison de Kwale, la prison de Kilifi, la prison de Malindi, la prison de Hola, la prison de Wundanyi et la prison de Taveta. Les objectifs du programme comprenaient l’équipement de ces leaders spirituels pour favoriser le changement de comportement, aider à la réinsertion des détenus dans la société et soutenir leur réconciliation avec Dieu, leur famille et ceux qu’ils ont pu commettre de tort. En offrant des outils d’autoréflexion, de résilience et de mentorat, la formation visait à permettre aux aumôniers et aux catéchistes d’avoir un impact durable sur la vie des détenus et du personnel.
Le programme AHAPPY ToT comprenait une série de sessions interactives, animées par des professionnels chevronnés. La formation était dirigée par le Père Ismael Matambura, SJ, directeur d’AJAN ; Mme Lillian Waweru, aumônière principale des prisons du Kenya ; Fernando Nimbu, SJ, régent d’AJAN ; et M. Dennis Owuoche, responsable des communications d’AJAN. Les animateurs ont guidé les participants à travers une série de modules, chacun conçu pour améliorer la croissance personnelle, les compétences de développement communautaire et la communication efficace.
La formation a débuté par une introduction à la mission, à la vision et aux objectifs du programme AHAPPY, donnant le ton à une semaine d’apprentissage transformateur. Les séances de formation formelles ont été initiées par le Père Ismael Matambura SJ., directeur d’AJAN, qui a posé des bases solides en présentant la pédagogie du programme AHAPPY. Il a fourni une explication approfondie de la mission, de la vision et des objectifs du programme, ce qui a suscité une discussion intéressante entre les participants. Cette interaction précoce a permis de contextualiser l’objectif plus large de la formation et d’établir un sentiment de mission partagée. Le Père Matambura a souligné que le programme AHAPPY vise non seulement à autonomiser les jeunes et les personnes vulnérables, mais également à favoriser une approche holistique de la transformation personnelle et communautaire. Il a encouragé les participants à promouvoir l’entrepreneuriat social et les solutions innovantes pour l’autonomie, soulignant à quel point les détenus bien soutenus peuvent contribuer positivement à la société après leur libération.
Modules de croissance personnelle et professionnelle
Chaque jour de formation couvrait un module spécifique, structuré pour favoriser la croissance personnelle et professionnelle :
Jour 1 : Module A : L’éveil à moi-même
Dans ce module, les participants ont réfléchi à leur identité, à leurs relations et à leur croissance personnelle. Des thèmes tels que « Je suis une créature bien-aimée de Dieu » les ont encouragés à explorer leur identité spirituelle et leur dignité. Les discussions ont notamment porté sur l’importance d’être présent dans l’instant, de se comprendre soi-même et de reconnaître ses forces et ses faiblesses. De nombreux participants ont trouvé cette approche axée sur la conscience de soi particulièrement pertinente, réalisant que pour aider les autres, ils devaient d’abord comprendre leurs propres capacités et limites.
Le Père Ismael Matambura SJ., Directeur d'AJAN lors de la session du premier jour de l'AHAPPY ToT, Région de la Côte.
Deuxième jour : Module B ; Ce monde dans lequel je vis
Le deuxième jour a encouragé les participants à examiner le monde qui les entoure d'un point de vue spirituel, en utilisant la Sainte Trinité comme lentille. Mme Waweru a dirigé des séances sur le VIH et le sida, les infections sexuellement transmissibles (IST) et la stigmatisation qui les entoure, qui sont des problèmes critiques au sein des communautés carcérales. Mettant l'accent sur le dialogue ouvert, elle a fourni des conseils sur la manière dont les aumôniers et les catéchistes peuvent soutenir les personnes aux prises avec ces problèmes de santé. Les participants ont également discuté du rôle des parents et des tuteurs dans le traitement de la sexualité avec les jeunes, soulignant l'importance d'avoir des conversations honnêtes au sein des familles.
Mme Lillian Waweru, animatrice lors de la session du premier jour de l'AHAPPY ToT, région côtière.
Jour 3 : Module C ; Faire face à un monde avec le VIH et le SIDA
Animé par le Père Matambura, ce module s’est concentré sur l’impact du VIH sur les communautés. Les participants ont exploré ses effets sur la santé publique, l’économie et les structures sociales, en reconnaissant les conséquences profondes de la pandémie, notamment le nombre d’orphelins et la réduction de la main-d’œuvre. Malgré ces défis, la disponibilité de la thérapie antirétrovirale (TAR) a transformé le VIH d’une condamnation à mort en une maladie gérable. Lors d’une autre session, Mme Waweru a souligné l’importance du conseil et du dépistage volontaires (CDV), en encourageant les aumôniers et les catéchistes à connaître leur statut et à inspirer les autres à faire de même. En réfléchissant à la parabole du Bon Samaritain, les participants ont discuté de la manière dont ils peuvent encourager l’abstinence et la fidélité pour réduire la transmission du VIH au sein de leurs communautés.
Jour 4 : Module D ; Savoir grandir soi-même
Ce jour-là, l'accent a été mis sur le leadership, le mentorat et les compétences en communication. Le père Matambura a parlé des qualités des leaders efficaces et des valeurs qui rendent le mentorat significatif. Mme Waweru a souligné l'importance d'avoir de bons mentors et d'être des mentorés réceptifs, tandis que M. Owuoche a mis l'accent sur les compétences en communication efficaces. Les participants se sont exercés à exprimer clairement leurs idées et ont appris à interpréter les messages des autres, une compétence essentielle dans leur travail avec les détenus et leurs collègues. Une communication améliorée conduirait à des interactions plus positives et constructives.
Jour 5 : Module E : Construire une fondation pour la vie
Le dernier module était axé sur la conscience de soi et l’établissement de relations. Nimbu SJ a dirigé les participants dans des exercices qui les ont encouragés à réfléchir sur leur propre vie, sur la vie des autres et sur les défis auxquels leur communauté est confrontée. Grâce à des discussions de groupe et à des présentations, les participants ont créé des stratégies pour améliorer leurs propres compétences et élaborer des plans d’action pour soutenir les personnes dont ils ont la charge. Les activités de cette dernière journée ont permis aux participants de cristalliser leur apprentissage en étapes concrètes et pratiques à appliquer.
Impacts positifs et réflexions des participants
Tout au long de la formation, les participants ont exprimé leur appréciation pour l’opportunité d’acquérir de nouvelles perspectives et compétences.
Le Père Josphat Njogu Mbui, aumônier régional des prisons de la côte, s’est dit convaincu que la formation profiterait aux détenus et au personnel pénitentiaire. Il a souligné l’importance des séminaires de sensibilisation continus : « La formation de cinq jours a été essentielle et profitera grandement aux détenus avec qui nous partagerons ces connaissances. Je m’attends à ce que les catéchistes qui ont participé à cette formation, ainsi que ceux qui bénéficieront de ce programme, aient une meilleure conscience de soi et ne considèrent pas le programme comme acquis. Les principales activités à mettre en œuvre comprennent l’organisation par les catéchistes de séminaires de sensibilisation mensuels, intégrant les enseignements de cette formation dans nos programmes hebdomadaires destinés au personnel, aux détenus et à nos groupes de communautés de vie chrétienne. »
Certains participants ont partagé l’impact personnel que la formation a eu sur eux.
Mme Lillian Waweru a fait écho à l’importance du programme, soulignant comment il renforce les efforts de réhabilitation en permettant aux catéchistes de guider les détenus et le personnel à travers des défis émotionnels et moraux complexes. Exprimant son point de vue, elle a déclaré : « Le programme AHAPPY est un outil supplémentaire que les catéchistes qui ont suivi cette formation peuvent désormais utiliser dans leurs programmes de réhabilitation. Les participants ont reçu une formation sur la conscience de soi, la compréhension de leur identité et la reconnaissance de leur rôle dans l’aumônerie pénitentiaire. Ils servent de mentors non seulement au personnel pénitentiaire, mais aussi aux détenus et même à leurs familles. Cette semaine a été un moment d’introspection, permettant aux participants de renouveler leur engagement envers leur rôle. Ayant été commissionnés, nous attendons des catéchistes qu’ils appliquent les connaissances et les compétences qu’ils ont acquises pour tendre la main aux autres. AJAN permet véritablement à notre aumônerie d’être des agents de réhabilitation et de réinsertion plus efficaces. Avec toutes les formations qu’AJAN a déjà dispensées pour autonomiser les catéchistes des prisons de Nairobi, de Naivasha, de la région du Rift Sud et maintenant de la région côtière, nous nous concentrons sur la manière dont nous pouvons soutenir la transformation des personnes incarcérées et aider le personnel travaillant dans des environnements difficiles.
Mme Waweru a poursuivi en évoquant l’importance de la composante de protection dans les prisons, expliquant : « Les aumôniers et les catéchistes sont des porteurs de foi et des agents de changement ; ils défendent les normes morales au sein de l’Église et de la société. Une grande partie de leur travail consiste à réhabiliter les détenus, ce qui consiste à inculquer de bonnes valeurs morales aux personnes qui ont été emprisonnées. Cela est particulièrement important lorsque nous considérons leur rôle dans la réhabilitation des détenus et leur réinsertion dans la société. »
Messe d'envoi en mission présidée par le père Ismael Matambura, SJ.
En conclusion de la formation, une messe d'envoi a été célébrée, dirigée par le Père Ismael Matambura, SJ. Au cours de la messe, le Père Josphat Njogu Mbui, aumônier régional des prisons de la Côte, a prononcé une homélie basée sur Luc 10, 1-9. En réfléchissant sur ce passage, le Père Mbui a souligné :
"Jésus a envoyé les soixante-douze en mission par paires pour proclamer la paix et la guérison. C'est aussi un appel pour nous – à apporter espoir et compassion, en particulier à ceux qui se sentent oubliés ou accablés. Ce sont notamment les détenus que nous accompagnons en prison, qui sont parfois rejetés par la société. Avec les connaissances et les compétences que nous avons acquises, je vous encourage tous à organiser des séminaires tant au sein des prisons que dans la communauté élargie, par le biais des petites communautés chrétiennes, afin de partager ces connaissances avec d’autres. Nous sommes tous des messagers de paix et d'espoir."
Le Père Mbui a exprimé sa gratitude à AJAN pour l’organisation de la formation AHAPPY et a exhorté les catéchistes à appliquer leurs nouvelles connaissances et compétences pour améliorer la vie des personnes qu'ils accompagnent, que ce soit en prison ou à la maison. Les participants ont partagé un sentiment renouvelé de but et d’unité, reconnaissant l'importance d'intégrer les principes AHAPPY dans leurs interactions quotidiennes avec les détenus, les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et d'autres groupes vulnérables dont ils ont la charge.
Par, Mr. Dennis Owuoche,
Chargée de communication, AJAN
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