A l'occasion de la Journée Internationale pour l'Elimination des Violences Sexuelles en Conflit le 19 juin 2023. Les Pairs Educateurs se sont réunis au Centre Catholique Universitaire (CCU) de Bangui pour une séance de travail avec la Fondation Dénis MUKWEGE. Le thème de l'événement de cette année était : « Combler le fossé numérique entre les femmes et les hommes pour prévenir les menaces et répondre aux violences sexuelles liées aux conflits ».
Beaucoup de jeunes en Afrique sont directement ou indirectement infectés et affectés par la pandémie du VIH/SIDA, le problème persiste en Afrique sub-saharienne dans des pays déchirés par des conflits. Nous avons toujours les yeux bandés, nous ne prenons donc pas les bonnes mesures pour y remédier. Il est urgent de sensibiliser à la pandémie et notamment d'éclairer les jeunes, mais aussi les enfants et les adultes, sur l'importance de changer les comportements à risque. L'éducation est l'une des nombreuses manières dont les jésuites d'Afrique s'impliquent dans la lutte contre le VIH et le SIDA en Afrique.
Avec le soutien du Réseau Jésuite Africain contre le SIDA, le Centre d'information sur l'éducation et l'écoute (CIEE) de Bangui a voulu témoigner sa solidarité envers les victimes et ceux qui les soutiennent. Engagés à faire naître l'espoir, à faire connaître ce que vivent les victimes, les Pairs Educateurs se sont réunis le 18 juin 2023 au Centre Universitaire Catholique (CCU) de Bangui pour une séance de travail avec la Fondation Dénis MUKWEGE pour briser le silence et mettre un terme violer en temps de guerre. Cette activité commémorative a sensibilisé à la nécessité de mettre fin aux violences sexuelles, de faire preuve de solidarité avec les victimes et de rendre hommage à ceux qui se battent en première ligne pour éliminer ces crimes.
Par l’expression « violences sexuelles liées aux conflits » il faut entendre les actes tels que le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, l’avortement forcé, la stérilisation forcée, le mariage forcé, ainsi que toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable, perpétrés contre des femmes, des hommes, des filles ou des garçons, et ayant un lien direct ou indirect avec un conflit. Cette expression inclut également la traite des personnes à des fins de violences sexuelles ou d’exploitation sexuelle lorsque ces faits surviennent en temps de conflit (ONU 2023).
La violence sexuelle est le crime le plus ancien, le plus étouffé et le moins condamné de la guerre. La violence sexuelle liée aux conflits, qu'elle soit exercée contre des femmes, des filles, des hommes ou des garçons dans toute leur diversité, continue d'être utilisée comme tactique de guerre, de torture et de terrorisme. Une préoccupation constante est que la crainte et les pressions culturelles dissuadent la grande majorité des victimes de violences sexuelles liées aux conflits de porter plainte (ONU 2023).
Dans le contexte de la République Centrafricaine qui a connu un cycle de violence liée aux conflits armés sociopolitiques de ces dernières décennies, les violences sexuelles ont été une arme de guerre. Le corps de la femme a été/est encore utilisé comme champ de bataille par des groupes armés. Ces situations humiliantes aux conséquences désastreuses ont porté atteinte à plusieurs personnes dans leur dignité profonde. Ce sont des blessures difficiles à panser qui ne laissent pas la société centrafricaine sans effets dans sa globalité.
Les acteurs engagés dans la lutte contre ces types de violence ne manquent pas en RCA. Bien qu’insuffisantes, il existe des initiatives pour identifier, écouter, accompagner, réparer, et restaurer les victimes, qui une fois tirées de l’état de victime, deviennent des survivantes à même de reprendre leur vie en main.
La Fondation Dénis MUKWEGE est l’une de ces organisations non gouvernementales qui se démarque au niveau de la RCA dans les initiatives visant à mettre fin aux violences sexuelles liées aux conflits. Elle travaille en étroite collaboration avec des associations de victimes notamment le Mouvement des Survivantes en Centrafrique (MOSUCA) et la Plateforme des victimes des crises militaro-politiques. La séance de travail avec les Pairs Educateurs du CIEE-CCU a permis de prendre connaissance de l’ampleur de l’engagement de la Fondation. Elle a été une occasion pour les Pairs Educateurs, qui sont des étudiants de l’Université de Bangui et des Instituts Supérieurs de la ville, de prendre conscience de la gravité de la situation et le degré de vulnérabilité des femmes face aux risques de violences sexuelles en temps de conflit.
Ce fut un moment de remise en question des croyances et mythes nuisibles qui peuvent être de terreaux fertiles à l’éclosion des violences sexuelles. L’intérêt des étudiants s’est manifesté à travers les multiples questions posées à l’équipe de la fondation. Ils sont plus que jamais convaincus qu’il est urgent de s’engager en tant que universitaires pour rompre le silence, éveiller les consciences, prévenir les violences à travers les formations et les sensibilisations, inciter à ce que les victimes soient réparées et restaurées à travers les plaidoyers à l’endroit des autorités compétentes et autres décideurs.
Ce qui unit fortement le CIEE-CCU et la Fondation Dénis MUKWEGE se dit en un mot : Compassion. Cette compassion n’est pas à réduire à un sentiment de pitié. Elle est une force intérieure qui impulse une dynamique dans l’engagement. Notre compassion est action, elle est service. Nous sommes plus que jamais déterminés à donner de notre temps, nos énergies et nos talents pour que plus jamais le corps de la femme ne soit un champ de bataille ! Le Dr. Issou Mazambi Earvin MD, MPH, Directeur Pays de la Fondation Denis MUKWEGE a pris acte de cette détermination et assure veiller à rendre pérennes cette collaboration dans la lutte pour mettre fin aux violences sexuelles liées aux conflits.
Par, Charles SOMDA SJ
CIEE-CCU/Bangui-RCA
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