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Réflexion pour le quatrième dimanche du Carême (30 mars 2025): le chemin vers la vraie réconciliation, avec nous-mêmes, Dieu et la création

Première lecture : Josué 5, 9-12 ; Psaume responsorial : Psaumes 34, 2-3, 4-5, 6-7 ; Deuxième lecture : 2 Corinthiens 5, 17-21 ;

Évangile : Luc 15, 1–3, 11b–32

Le P. Patrice Ndayisenga SJ., Directeur, Centre Jésuite Urumuri, Rwanda.

En 1994, un génocide a eu lieu au Rwanda, impliquant principalement deux groupes ethniques. Parmi les auteurs et les victimes figuraient des chrétiens fervents et des fidèles. L'Église catholique a perdu ses fidèles, parmi lesquels des prêtres et de nombreuses autres personnes consacrées ; mais elle comptait également parmi ses fidèles des personnes qui portaient de lourdes responsabilités dans la planification et l'exécution des massacres. Le difficile chemin vers la réconciliation au lendemain du génocide s'articulait autour du défi de réintégrer ses membres auteurs des atrocités afin de les réintégrer dans le giron des survivants de ces mêmes atrocités.

En réfléchissant à l'image du Père miséricordieux que la liturgie d'aujourd'hui nous propose, je ne peux m'empêcher de me rappeler la perplexité et l'isolement de l'Église catholique au lendemain du génocide au Rwanda. L'Église était perçue comme une victime ayant besoin de compassion, de sympathie et de réconfort pour ses fils et filles qui avaient perdu la vie aux mains des génocidaires. En même temps, l'Église était perçue comme complice, ses membres ayant joué un rôle important dans l'évangélisation du Rwanda portant également de lourdes responsabilités dans le massacre de leurs concitoyens.

À l'instar de l'Église catholique au Rwanda, l'Évangile selon Luc 15, 1-3, 11b-32, qui relate la parabole du fils prodigue, nous montre un père miséricordieux déchiré, abandonné dans une solitude morne au retour de son fils prodigue. Au-delà de la joie festive et accueillante, le père est soudain poussé à se réconcilier avec un fils qu'il avait toujours considéré comme son meilleur confident : « Mon fils, tu es toujours avec moi ; tout ce que j'ai est à toi. » Le père, qui, par compassion, s'est donné la peine d'organiser un banquet de réconciliation pour réintégrer son fils perdu, subit le rejet d'un homme/fils qu'il considérait comme un compagnon fidèle et le détenteur légitime de tous ses biens.

L'expérience humiliante du père miséricordieux peut nous apprendre quelque chose sur le chemin vers la véritable réconciliation entre nous, avec Dieu et avec le reste de la création qui nous entoure. Le père miséricordieux se tient entre un fils reconnu comme un bon agent et un autre que le monde entier prend pour un navire perdu. Il est confronté au défi de réconcilier le bon et le mauvais. Puisque les bons comme les mauvais garçons sont tous ses enfants, il n'a d'autre choix que d'ouvrir les bras pour accueillir tout le monde. Il prend la lourde responsabilité de risquer le respect de son fils aîné pour témoigner l'amour paternel de son cadet. Il faut humilité, compassion et amour pour faire preuve de véritable miséricorde et de pardonner.

Dans un monde imparfait, il nous arrive de nous plaindre et de nous rebeller sérieusement contre Dieu face à la croissance prospère des méchants. Peut-être le Père miséricordieux peut-il nous aider à comprendre que l'amour de Dieu pour ses créatures est universel. Son amour est miséricorde manifestée et accordée aux bons comme aux méchants. Inutile de souligner que, de même, le sacrifice de Jésus sur la croix vise la rédemption de tous, y compris des exclus et de ses propres meurtriers.

Amen.

P. Matambura Ismaël, SJ

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