Notre réflexion pour le dimanche des Rameaux est écrite par la Sœur Mary Owens I.B.V.M., directrice de Nyumbani, qui comprend le premier et plus grand centre d’accueil du Kenya pour orphelins vivant avec le VIH, un programme de soins à domicile et le village Nyumbani.
« Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! » Jean 12:13
« Pilate, reprenant la parole, leur dit : Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs? Ils crièrent de nouveau: Crucifie-le ! » Marc 15:12-13
En cinq jours, sous l’influence des chefs prêtres, ceux qui acclamaient Jésus comme Seigneur, demandaient maintenant Sa destruction.
Notre célébration liturgique de ce jour nous amène face à face au cœur de notre foi chrétienne, le mystère de la Croix. Comme Paul le dit dans les 1 Corinthiens 1:23-25 : « Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse: nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. »
Comment pouvons-nous être aujourd’hui influencés à ne pas proclamer Jésus comme Sauveur ?
Notre monde actuel devient de plus en plus sécularisé en conséquence de la production de masse et du développement technologique. La poursuite des richesses pour vivre une vie confinée avec tout un confort consumériste et des loisirs exotiques sont devenus désormais les buts à atteindre. Cet idéal est réalisé pour quelques uns au détriment d’une force de travail qui devient de plus en plus impersonnelle. Le résultat final est de plus en plus d’exclusion d’un nombre croissant de gens, et la perte de leurs moyens de subsistance. Dans ce scénario sécularisé, les marginalisés de notre monde – les enfants, les personnes vivant avec le VIH, les orphelins, les réfugiés, les personnes trafiquées, les dépendants, les personnes âgées n’ont pas de place. Ils peuvent juste être oubliés.
Même en tant que chrétiens, nous pouvons être influencés par cette tendance. Nous pouvons être tentés de nous satisfaire avec une relation purement personnel et spirituelle avec Jésus. Nous pouvons écarter notre implication dans le fait de tendre la main vers les pauvres et ceux qui sont exclus de la société, éviter de plaider pour l’élimination des causes structurelles de la pauvreté et de la priorité de la vie au profit du matérialisme.
L’appel de la célébration d’aujourd’hui est de rester fidèle à Jésus dans ces temps où nous nous réjouissons dans notre foi et dans ces temps où notre loyauté à notre engagement est mis à l’épreuve, et même, nous emmène au pied de la croix. Dans les mots du Pape François : « Parfois, nous sommes tentés d’être des chrétiens qui se maintiennent à une prudente distance des plaies du Seigneur. Pourtant, Jésus veut que nous touchions la misère humaine… que nous renoncions à chercher ces abris personnels ou communautaires qui nous permettent de nous garder distants du cœur des drames humains… » (La joie de l’Évangile, 270). Cela peut vouloir dire faire face l’incompréhensible de la souffrance humaine, se sentir impuissant, risquer sa réputation – faire face au mystère de la Croix.
À Nyumbani, nous continuons à tendre la main aux enfants qui on hérité du VIH, alors que la rengaine que nous avons entendu dès le début de notre expérience continue. On nous disait « ces enfants vont mourir de toute façon; concentrez vous sur la prévention plutôt ». Et aujourd’hui, seulement 39% des enfants qui ont hérité du virus dans notre pays (Kenya) reçoivent des antirétroviraux. Pourquoi ? Y-a-t-il encore une subtile croyance que ces enfants devraient mourir pour ne pas être un fardeau à notre société ? Ce pourrait-il que comme d’autres marginalisés, qui reflètent la souffrance de Jésus, ils sont vus comme des non-voulus dans ce monde consumé par le désir d’une vie où la Croix de Jésus n’a pas de place ?
Comme nous vivons à travers Sa Passion et Sa mort avec Lui pendant la Semaine Sainte, puissions-nous être plus graciés de vivre et de témoigner courageusement la vérité de notre foi.