Par Caleb Mwamisi
Malgré les défis de la pandémie de COVID-19, le travail du Réseau Jésuite Africain de lutte contre le SIDA/AJAN visant à atteindre les personnes vulnérables dans la société se poursuit régulièrement. Les 10, 17 et 24 juin 2021, AJAN en partenariat avec l’Aumônerie Catholique des prisons (région de Nairobi) a organisé un séminaire à l’intention des catéchistes de cette aumonerie. Ils provenaient de divers établissements pénitentiaires et le Kenyan Prisons Training College (Ecole de formation des officiers de Prisons), la Prison pour femmes de Lang’ata Maximum, la Prison de Kiambu, le Commandement de Kamiti, la Détention provisoire de Nairobi, la Prison d’allocation maximale, Jamhuri, la prison de Nairobi West et les Prisons de Kiambu.
En plus de coordonner les efforts des jésuites dans la lutte contre le VIH en Afrique, AJAN s’associe à l’Eglise pour tendre la main autant que possible aux personnes vulnérables :les prisonniers stigmatisés, exclus et étiquetés par la société, font partie des groupes qu’AJAN cherche à atteindre et à transformer de manière constructive à travers des partenaires tels que les aumôneries des prisons.
Les catéchistes travaillent avec les jeunes dans les centres correctionnels et cela intéresse au plus haut point AJAN dont l’action met les jeunes au centre. La volonté d’AJAN de cheminer avec les jeunes pour créer un avenir rempli de vie et d’espoir fait partie des quatre Préférences Apostoliques Universelles (PAU) qui guident le travail des Jésuites à travers le monde. Une autre PAU engage la Compagnie de Jésus (les Jésuites) à marcher avec les exclus du monde, ceux dont la dignité a été bafouée, dans une mission de réconciliation et de justice à côté des deux autres qui voudraient, d’une part, que les jésuites s’engagent davantage à montrent le chemin vers Dieu et prennent soin de notre maison commune, d’autre part.
La formation, basée sur le manuel du programme AHAPPY (développement intégral des jeunes), a été conçue en tenant compte du rôle que les catéchistes jouent au quotient dans leur travail d’accompagnement et de changement de comportement des prisonniers dans les centres correctionnels. Leur rôle et mission est d’encadrer et de réintégrer dans la société des personnes (jeunes et adultes) guéries, réconciliées avec Dieu, avec elles-mêmes et avec la société qu’elles ont blessée ou qui les a blessées. Ils administrent des programmes spirituels enseignant aux détenus la foi catholique, la vie positive et la préparation aux sacrements.
Normalement, les catéchistes sont recrutés par détachement dans les prisons du Kenya par l’Église catholique du Kenya. Les catéchistes ont la latitude d’assurer la liaison avec les sympathisants et les donateurs pour répondre à certains besoins des prisonniers au-delà du spirituel, moral, émotionnels.
Le Père Peter Kimani, Président national de l’Aumônerie catholique et Directeur adjoint de l’Aumônerie des prisons du Kenya, a organisé la formation en collaboration avec le Père Ismael Matambura, sj Directeur d’AJAN.
Au début de la formation, la pédagogie, la vision et des objectifs du programme AHAPPY ont été définis et discutés avec les participants. Les participants ont ensuite été introduit à la revue globale des modules trouvés dans le Manuel du Programme AHAPPY. Les sujets sont les mêmes que ceux que les jeunes apprenants seraient amenés à aborder, mais l’approche cette fois était d’équiper et de responsabiliser les catéchistes pour qu’ils deviennent des formateurs de jeunes dans les prisons.
Tout a commencé avec le module sur l’Eveil à moi-même où les sujets : Je suis une créature bien-aimée de Dieu, Moi ici et maintenant, Mon corps et Moi, le Développement des capacités intellectuelles, les Autres et Moi, et Dieu et Moi, ont été disséqués le premier jour. (10 juin). Le P. Matambura, assisté de Mme Pascalia Sergon (Responsable des Formations d’AJAN) ont entretenus les participants à l’aide des présentations, de travaux de groupe et de vidéos, rendant les sessions réellement participatives.
Les Cinq dimensions d’un être humain ont été couvertes. AJAN travaille à promouvoir la croissance et le développement holistique de la personne humaine dans une approche globale visant à aider les jeunes à éviter la dévastation à laquelle le VIH, d’autres maladies de pauvreté et les pandémies ainsi que les épidémies ont soumis l’Afrique. Le continent est touché de manière disproportionnée par le virus VIH, alors qu’il compte la population la plus jeune du monde, avec environ 70% de moins de 35 ans. Paradoxalement, les jeunes, qui sont l’avenir du continent, portent le plus lourd fardeau de l’infection selon les statistiques récentes d’agences spécialisées telles que l’ONU SIDA et l’Unicef.
Sept jours plus tard, le deuxième jour de formation a commencé par une récapitulation du premier jour. La deuxième étape consistait à se Concentrer sur l’analyse du monde où je vis en tant qu’être humain et à faire face à ses défis. Des sujets tels que Regarder le monde avec la Sainte Trinité, La situation du VIH et le SIDA, les Facteurs, les Risques et la vulnérabilité, la prévention VIH et le Counseling chez les jeunes en milieu carcéraux, ont été mis en évidence.
Le 24 juin, qui se trouvait être la fête de la Nativité de Jean-Baptiste, était le dernier jour de la formation et s’est concentré sur les Valeurs et les Vertus, fondement d’une vie heureuse et vertueuse. Les principes et les valeurs de la vie sont devenus une préoccupation critique lorsque le P. Matambura entretenait les catéchistes. Les participants, divisés en petits groupes, ont souligné des points d’apprentissage utiles en termes de vertus après avoir regardé une vidéo éducative. Des questions délicates telles que la chasteté et la virginité, le travail assidu, l’engagement, la confiance en soi, etc. ont émergé et ont été momentanément examinées. Il est ressorti avec force des participants que le travail d’induire un changement de comportement signifie prendre à cœur, soigner les vulnérables, les personnes incarcérées et que souvent la société rejetées ou méprisées. Il s’agit d’aider ces personnes blessées en elles-mêmes et qui ont commis des erreurs à vivre positivement avec espérance et confiance en soi, intégrité et foi, courage, estime de soi, prudence et l’amour. Même si la virginité doit être encouragée, la virginité secondaire doit être encouragée pour les jeunes qui espèrent vivre une vie victorieuse même quand tout semble avoir été perdu. Il n’est jamais tard pour faire le bien.
Messe de clôture et d’action de grâce : Solennité de la Nativité de Jean-Baptiste
Le Père Ismael Matambura SJ., a dit la messe pour les participants et a donné une puissante homélie en utilisant l’histoire de Jean-Baptiste pour exhorter l’assemblée à l’humilité, à l’engagement et à la foi. Jean-Baptiste, a dit le P. Ismaël, croyait en sa mission d’appeler les gens à faire place à la venue de Jésus. « Il faut qu’Il grandisse et que je diminuer » (Jn3, 30), a-t-il martelait citant Jean-Baptiste, alors qu’il exhortait les participants à être toujours conscients de leur être et de leur but ou mission sur terre.
Notre rôle, le P. Ismael a continué, est d’aider les personnes blessées (jeunes et adultes) que nous servons à retrouver le goût, le sens de la vie. Que ces paroles de Dieu tirées de la lecture d’Isaie résonnent dans nos cœurs : « Je ferai de toi une lumière pour les nations, afin que mon salut atteigne les extrémités de la terre » (Is.49,6). Nous sommes appelés à être de véritable canal du salut de Dieu dans notre service aux prisonniers.
« Nous devons utiliser nos capacités : intellectuelles, physiques, émotionnelles, sociales et spirituelles pour servir efficacement l’humanité, y compris les détenus », a-t-il déclaré. « Dieu veut que notre lumière atteigne chaque prison et chaque prisonnier ». Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez tous ses sentiers. Chaque vallée sera comblée, et chaque montagne et colline seront abaissées, Et les sentiers tortueux seront rectifiés, et les chemins rugueux aplanis, lit-on dans Luc 3, 4-6.
Les participants ont été commissionnés et récompensés
Les participants étaient heureux de recevoir des certificats en témoignage de leur engagement et participation dans la formation. Un exemplaire du Manuel du programme AHAPPY a également été remis à chaque participant après que le Père aumônier Peter Kimani, assisté du P. Ismaël, aient prier sur eux et envoyé en mission. Les catéchistes portant des bougies, symbole de lumières qu’ils sont pour l’aumônerie, ont renouvelés leurs promesses d’engagement à mettre en pratique les enseignements reçus pour plus de changement dans leur milieu de vie. « Il est temps d’aller mettre en pratique ce que vous avez appris », a encouragé le P. Peter Kimani. « AHAPPY nous a donné des compétences et des connaissances pour faire mieux notre travail. Cela nous aidera à aider les jeunes contrevenants et en conflit avec la loi dans nos prisons ainsi que les autres enfants. Les compétences reçues permettront de combler des lacunes », a-t-il souligné.
Les catéchistes s’expriment et applaudissent la formation
Les participants ont réagi positivement à la formation, en passant par certains qui ont parlé à la cellule de communication d’AJAN. Mr Fred Ekamuran, aumônier à la Prison de Kamiti, qui était coordinateur de cette formation, a déclaré : « Parfois, les gens excellent dans un aspect de la vie et réussissent mal dans un autre. Cette formation aide à tout comprendre. Mr Kalekye de la Prison pour Femmes de Lang’ata Maximum a déclaré : « J’ai compris l’importance de comprendre et considérer les gens parce qu’ils viennent des horizons divers et veulent désespérément être compris ». Mme Nyawira, qui est basée à la Prison de Kiambu, a déclaré qu’elle appliquerait les leçons apprises en s’engageant avec des personnes de tous âges. “Il y a toujours quelque chose qui manque à quelqu’un et je suis habilité à l’aider maintenant”.
« Nous rendons grâce à Dieu et profonde gratitude à l’aumônerie des prisons de Nairobi et à tous ceux qui ont participé, d’une manière ou d’une autre, à la réussite de cette formation. Chers participants, on apprend toujours. Votre expérience nous a aussi fort enrichi » a affirmé le P. Ismael Matambura au terme de cet exercice.