16 JUIN 2023

Les droits de l'enfant dans l'environnement numérique

Depuis 1991, l'Organisation de l'unité africaine (OUA) a lancé la Journée de l'enfant africain le 16 juin pour honorer la vie de ces enfants de Soweto qui ont protesté contre la mauvaise qualité de l'éducation et pour sensibiliser sur l'éducation et la prise en charge de nos enfants. Une bonne éducation transforme. Le capital humain est l'un des piliers du développement économique. Plus de deux décennies plus tard, il existe toujours un grand besoin d'améliorer le système éducatif en Afrique et dans d'autres parties du monde. Il y a beaucoup d'inégalités et d'injustices qui nécessitent un examen de conscience approfondi de chacun d'entre nous à l'aide de ces questions : Où sont nos enfants ? Comment et dans quelles conditions nos enfants sont-ils éduqués ? em> Qui éduque nos enfants ? Comment seront notre continent et le monde dans 50 ans ? Une forte conversion du cœur et de l'esprit est requise de nos dirigeants à tous les niveaux et nous tous ensemble. Les soins, la protection et une bonne éducation holistique des enfants sont plus que nécessaires.

Notre monde connaît des changements continus à tous les niveaux et ces changements, y compris les progrès numériques, nous affectent tous et, plus important encore, nos enfants et nos jeunes adultes. Le thème de la Journée de l'enfant africain (JEA) 2023 est intitulé "Les droits de l'enfant dans l'environnement numérique".

Il n'est pas surprenant que les jeunes soient le moteur de la connectivité à l'échelle mondiale. Au cours des dernières années, l'accès à Internet en Afrique s'est rapidement développé. Selon les statistiques des utilisateurs d'Internet pour l'Afrique (utilisation d'Internet en Afrique, statistiques démographiques 2022 et abonnés Facebook), la pénétration d'Internet s'élève à 43,0 % avec plus de 590 millions de personnes, ayant maintenant accès au Web. Les trois quarts d'entre eux sont des jeunes âgés de 15 à 35 ans. Cela a ouvert de nombreuses nouvelles opportunités aux jeunes pour le développement socio-économique, grâce à l'utilisation de plateformes sociales telles que comme, Facebook, TikTok, Instagram et Twitter.

Cependant, cette croissance rapide a également apporté de nouveaux défis, lorsqu'ils naviguent sur Internet, les enfants et les jeunes peuvent être exposés à des discours de haine et des contenus violents, y compris des messages qui incitent à l'automutilation et même au suicide. Les jeunes internautes sont également vulnérables au recrutement par des groupes extrémistes et terroristes. Les plateformes numériques ont également été utilisées comme vecteurs de théories de désinformation et de complot qui ont un effet néfaste sur les enfants et les jeunes. Le plus alarmant est la menace d'exploitation et abus sexuels en ligne. Il n'a jamais été aussi facile pour les agresseurs sexuels d'enfants de contacter leurs victimes potentielles, de partager des images et d'encourager les autres à commettre des infractions. Quelque 80 % des enfants de 25 pays déclarent se sentir en danger d'abus ou d'exploitation sexuels en ligne (ONU, 2021).

Il faut d'abord comprendre les droits de l'enfant dans l'environnement numérique mais aussi donner aux enfants africains les moyens d'apprendre et de maximiser l'utilisation d'Internet tout en incorporant des pratiques holistiques de sécurité. Les droits des enfants sont inscrits dans la Convention relative aux droits de l'enfant. Le Comité des Nations Unies sur les droits de l'enfant (CRC) qui surveille la mise en œuvre de la Convention a défini la manière dont les jeunes et les enfants devraient être traités dans le monde numérique, et comment leurs droits doit être protégé.

Les Nations Unies, dans leur rapport de 2021, recommandaient aux États de prendre des mesures énergiques, y compris des mesures législatives, pour protéger les enfants contre les contenus préjudiciables et trompeurs. Les enfants doivent également être protégés contre toutes les formes de violence qui se produisent dans l'environnement numérique, y compris la traite des enfants, la violence sexiste, la cyber-agression, cyberattaques et guerre de l'information. Au cœur de la protection des enfants, les parents, l'Église et les établissements d'enseignement portent le plus lourd fardeau. Une étude de l'UNICEF en 2021 a révélé que le manque d'exposition à Internet par les parents limite leur capacité à guider correctement les enfants sur l'utilisation et la sécurité d'Internet. "Les deux tiers des enfants qui utilisent Internet n'ont pas appris à rester en sécurité en ligne", a ajouté l'étude, tandis que 57 % des enfants avaient ont partagé leurs informations personnelles avec des inconnus, 42 % ont déclaré avoir consulté des images ou des vidéos à caractère sexuel sur leurs flux multimédias.

Le 10^e mars 2023, le Conseil des droits de l'homme a tenu la première partie de sa réunion annuelle d'une journée complète sur les droits de l'enfant sur le thème les droits de l'enfant et l'environnement numérique. Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a déclaré que même si le monde numérique en était encore à ses débuts, la fracture numérique signifiait un chiffre stupéfiant de 2,2 milliards d'enfants et les jeunes de moins de 25 ans du monde entier n'avaient toujours pas accès à Internet chez eux. Il est peut-être temps de renforcer l'accès universel à Internet en tant que droit de l'homme, et pas seulement en tant que privilège. Même avec cette proposition, les orateurs ont tout de même noté que le préjudice potentiel de la Internet ne pouvait pas être nié. Les enfants étaient exposés à de nombreuses menaces provenant d'Internet, y compris l'exposition à la pédopornographie et aux images indécentes. Par conséquent, toutes les parties prenantes devaient s'efforcer de créer des environnements en ligne permettant aux enfants d'interagir et de grandir, loin de habitudes en ligne nuisibles et addictives ou comparaison implacable avec leurs pairs.

En 2019, la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples a adopté la Déclaration de principes sur la liberté d'expression et l'accès à l'information en Afrique qui appelle aux États d'adopter des lois, des politiques et d'autres mesures pour promouvoir un accès abordable à Internet pour les enfants, qui leur donne des compétences en littératie numérique pour l'éducation en ligne et leur sécurité, les protège contre les dommages en ligne, préserve leur vie privée et leur identité et prévoit le devoir des intermédiaires Internet de supprimer rapidement le contenu en ligne qui présente un danger ou peut être préjudiciable. La Déclaration interdit également le partage préjudiciable d'informations personnelles telles que le matériel pédopornographique.

Avec la déclaration adoptée ci-dessus, Les enfants et les jeunes ont le droit d'être entendus sur les questions qui affectent leur vie, que ce soit l'éducation ou le changement climatique et ils essaient de le faire à travers l'espace numérique. « Lorsque les enfants et les jeunes parlent, le monde doit écouter», a déclaré Charlotte Petri Gornitzka, Directrice générale adjointe de l'UNICEF. « Que leurs pays soient riches ou pauvres, en guerre ou en paix, leurs revendications sont les mêmes : une meilleure voix dans les décisions qui les concernent, une planète en meilleure santé et de meilleures opportunités. À une époque où tant d'espoirs ont été déçus en raison d'une pandémie qui fait rage et d'une pauvreté croissante, ce n'est pas trop demander.

Le rôle de l'Église catholique est si énorme lorsqu'il s'agit de cheminer avec les jeunes (4^e Préférences (PAU), l'incertitude des relations à l'ère numérique, la diminution des opportunités de travail, la montée de la violence politique, la discrimination, la dégradation de l'environnement... Tout cela rend difficile pour les jeunes de trouver un chemin où ils peuvent construire des relations personnelles et familiales de soutien basées sur de solides fondations spirituelles et financières. La transformation du monde est une exigence fondamentale de notre temps aussi. Pour ce besoin, les jésuites, à travers le magistère social de l'Église catholique entend offrir les réponses qu'appellent les signes des temps, en indiquant avant tout l'amour mutuel entre les êtres humains, devant Dieu, comme le plus puissant instrument de changement, sur le plan personnel et social. l'amour, en effet, la participation à l'amour infini de Dieu, est la finalité authentique de l'humanité, à la fois historique et transcendante. Par conséquent, "le progrès terrestre doit être soigneusement distingué de la croissance du royaume de Christ. Néanmoins, dans la mesure où la première peut contribuer à mieux ordonner la société humaine, elle est d'une importance vitale pour le royaume de Dieu ».

Pour une jeune génération prospère au 21^e siècle, nous devons engager une conversation avec les enfants et les jeunes concernant leur utilisation responsable de l'espace technologique. L'Internet, et d'ailleurs le monde en ligne, est très vaste et sans frontières, et difficile à contrôler. Par conséquent, notre seule meilleure option est le développement intégral des jeunes en leur offrant une éducation qui a une formation holistique, un accompagnement spirituel et une sensibilisation parmi nos enfants et nos jeunes, pour les autonomiser pour accéder au monde en ligne et utiliser les différentes plateformes de manière responsable. En 2014, le thème de cette journée était « Une éducation adaptée aux enfants, de qualité, gratuite et obligatoire pour tous les enfants en Afrique ». Je pense que c'est ce qu'il faut aujourd'hui. Bâtir une société qui se soucie, protège et responsabilise, équipe nos enfants et nos jeunes de l'intérieur de manière à ce qu'aucune force extérieure ne les détruise. Inspirons-nous de l'esprit d'ubuntu, en prenant soin des plus vulnérables comme nous, nos enfants et les jeunes. En meilleure santé ils sont, en bonne santé nous le sommes aussi.

Pr. Matambura Ismaël, SJ

AJAN, directeur.