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Le Chemin de Croix

Notre réflexion pour Vendredi Saint est écrite par Michel Segatagara Kamanzi SJ.

« Tout le monde le méprisait et l’évitait. C’était un homme qui souffrait, habitué à la douleur. Il était comme quelqu’un que personne ne veut regarder. Nous le méprisions, nous le comptions pour rien. » Is 53, 3

Ce passage du troisième chant du Serviteur du Seigneur dans le livre du prophète Isaïe (Is 52, 13-15; 53, 1-12) est appliqué dans la liturgie d’aujourd’hui à la Passion de notre Seigneur Jésus Christ. Comme le Serviteur souffrant, notre Seigneur a été méprisé et rejeté par beaucoup de personnes de son peuple alors qu’il subissait sa Passion pour notre salut. Il a connu l’expérience de la stigmatisation, « comme quelqu’un que personne ne veut regarder ».

Les Écritures et la tradition nous disent que dans son douloureux Chemin de Croix Jésus n’était pas rejeté par tous. Pour utiliser les images traditionnelles des stations de la Croix, nous pouvons évoquer la quatrième, la cinquième et la sixième stations : Jésus rencontre sa mère (IV), Simon de Cyrène aide Jésus à porter la Croix (V), Véronique essuie le visage de Jésus (VI). Alors qu’il est « rejeté par d’autres », Jésus est réconforté par la rencontre avec sa Mère, elle-même pleine de tristesse pour la souffrance de son fils. À la cinquième, nous voyons un passant, Simon de Cyrène, arrivant de la campagne, père d’Alexandre et de Rufus, contraint par les soldats à porter la croix derrière Jésus (Cf. Mc 15, 21 ; Mt 27, 32 ; Lc 23, 26). Il semble que même les soldats qui le traitaient si durement ont senti le besoin d’aider quelqu’un qui subissait une si lourde épreuve. J’aime penser à Simon de Cyrène comme à un Africain et un Père appelé à aider Jésus dans son Chemin de Croix. Il est intéressant de noter qu’à la station précédente nous étions avec la Mère, maintenant c’est un père qui aide Jésus. À la sixième station du Chemin de Croix, nous voyons Véronique essuyer le visage de Jésus souffrant. À la différence d’autres qui ont caché leurs visages derrière leurs voiles, elle utilise le sien pour essuyer le visage de Jésus. Et la tradition dit que l’image du visage de notre Seigneur s’imprima sur le voile. En effet, le Seigneur approuve à travers un signe, une icône de son visage, sa réaction positive et son geste de compassion qui brisent la stigmatisation dont il est l’objet.

Le Vendredi Saint, en méditant sur la souffrance de notre Seigneur, c’est en fait la stigmatisation qu’il a subit dans son chemin de croix qui nous vient à l’esprit. Une stigmatisation qui est une expérience douloureuse communément vécue par les personnes vivant avec le SIDA. À cause du SIDA, beaucoup de nos frères et sœurs ont été « méprisés et rejetés » alors qu’ils étaient déjà « en souffrance, habitués à la douleur ». Beaucoup ont détourné le visage face à eux. Cette attitude a augmenté leur peine et a rendu leur blessure plus profonde. Cela a aussi porté d’autres à avoir peur de connaître leur propre statut, peur de vivre dans la honte et le désarroi, peur d’être rejetés à cause du SIDA. Des études ont montré que la stigmatisation a aussi contribué à la propagation de la pandémie.

Il est vrai que l’on peut en quelque sorte justifier la stigmatisation associée au SIDA avec la peur d’être contaminé. Certains vont même jusqu’à affirmer que ces personnes devraient être mises « en prison » puisqu’elles représentent un danger pour les autres. Et d’autres encore d’ajouter : après tout, c’est leur faute si elles sont infectées ! Ou encore : ce sont des pécheurs ! Malheureusement, la plupart de ces jugements, fruits de l’ignorance, accroissent les motifs de stigmatisation. Rester « à l’abri » de la maladie voudrait dire se protéger en discriminant les autres ?

Non. Aujourd’hui, il n’y a aucun doute sur le fait que l’une des meilleures façons de nous protéger et de protéger nos communautés du SIDA n’est pas d’exclure mais au contraire d’accueillir les personnes vivant avec le SIDA. Je pense que nous pouvons apprendre de l’attitude de Marie, de Simon de Cyrène et de Véronique dans notre lutte contre la stigmatisation en ces temps de SIDA. Comme beaucoup d’entre nous l’ont expérimenté, accompagner ceux qui vivent avec le SIDA, partager « leur peine et leur angoisse », mais aussi « leur joie et leur espérance », aide aussi à dépasser notre peur et notre ignorance. Cela aide à sortir du cercle vicieux du mépris, de la stigmatisation et de la discrimination pour entrer dans le cercle vertueux de la compassion, de l’hospitalité et de la solidarité. Et il s’agit certainement d’un comportement fidèle à la Passion, à la Mort et à la Résurrection de notre Seigneur. Telle est la perspective de Celui qui est venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance (Jn 10, 10).

 

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